La traite des noirs a marqué les esprits par les mauvais traitements affligés aux noirs par les capitaines et les équipages des navires négriers ainsi que par les maîtres des plantations dans les colonies.
Mais certains esclaves, employés comme domestiques, avait une vie sinon heureuse, tout au moins acceptable, la preuve nous en est fournie par le témoignage poignant du dénommé Jean-Antoine consigné dans le procès-verbal du navire de la Compagnie des Indes La Flore.
Par contre, les sentiments d’attachement et de fidélité de Jean-Antoine ne sont pas remerciés et appréciés par le maître qui propose une punition.
Dans ce procès-verbal, nous relevons que l’équipage du navire s’est opposé à l’exécution d’un châtiment quand le clandestin a été découvert et que le capitaine a approuvé cette démarche en ne le débarquant pas lors de la venue des pilotes côtiers. Les faits rapportés dans ce procès-verbal, nous montrent, que déjà en 1736, certains hommes avaient une considération pour les noirs mais qu’il a fallu encore beaucoup d’années pour voir l’abolition de l’esclavage se concrétiser.
Texte du procès-verbal de La Flore
Nous capitaine, passagers, officiers majors et Mariniers sur le vaisseau de la Compagnie des Indes La flore.
Certiffions, que le vingt-septième jour d’avril de l’année mil Sept cent trente six, il se seroit trouvé un nègre nommé Jean Antoine domestique appartenant à monsieur Martineau
Passager sur le dit vaisseau, lequel ayant esté interrogé, et demandé la raison, qu’il avoit eu de se cacher, il nous a répondu qu’il ne vouloit point abandonner son maistre, et qu’il aimoit mieux perdre la vie, que de ne pas suivre à sa destination, sur quoy le dit passager a voulu le chastier en nostre présence, mais tous d’une commune voix, nous nous y sommes opposés, ce qui prouve authentiquement la fidélité d’un domestique zélé.
Quoyque monsieur Jaffré de la Thibeaudierre capitaine du dit Vaisseau n’a pas manqué aux formalités, lorsque les pilotes Costiers sont venus à bord, pour mettre le vaisseau dehors en faisant donner trois coups de sifflet et demander s’il n’y avait point quelque étranger, pour qu’ils profitassent des chaloupes des pilotes costiers, sur quoy l’équipage a répondu qu’il n’en avoit aucun.
En foy de quoy nous avons signés le présent procès verbal, et pour le présenter à nostre arrivée à l’amirauté pour nous valoir, et servir fait triple à bord
Du dit vaisseau le jour et an que dessus.
Source :
Archives Départementales du Morbihan - 9 B 54 - Amirauté de Vannes - Procès-verbal du navire La Flore concernant un nègre clandestin.