Paul Henri Albert est né le 5 juin 1897 à Thiers (Puy de Dôme) au domicile de ses parents, 2e enfant de Jean Charles GAUTHIER et Marie DUMAS, distillateur au 47 rue de la Gare à Thiers.
Il a deux sœurs :
- Yvonne Marie (notre grand-mère) née le 18 février 1892 à Paris 17e, mariée le 26 avril 1919 à Thiers avec Louis CHAMPIN (notre grand-père).
- Raymonde Léonie, née le 27 mars 1905 à Thiers.
- Paul avec ses deux soeurs
- Raymonde assise, Paul et Yvonne
Grâce aux photos pieusement conservées par ses descendantes, à sa fiche matricule [1], aux fiches du "personnel de l’aéronautique militaire", et aux "carnets de comptabilité en campagne de l’aéronautique militaire", nous avons pu reconstituer son parcours dans l’aviation durant la Grande Guerre.
Les explications données dans les encadrés, sauf mentions contraires, sont extraites du remarquable site d’Albin Denis sur les escadrilles.
Le 8 mai 1915 (il aura 18 ans en juin) il envoie une carte postale du lycée Jeanne d’Arc à Clermont-Ferrand à sa mère : Je ne peux pas aller à Thiers dimanche car je travaille de même pour l’Ascension c’est boulonne aussi (c’est jour de travail). Tacher de me faire passer des bleus, une chemise et des chaussettes et mon chapeau.
J’ai reçu une carte de Louis de l’hôpital de Rouen où il me dit qu’il a manqué être asphyxié. Il s’en tire tout de même avec la chance encore pour cette fois. Je lui réponds à sa carte. Je ne sais pas si vous êtes morts ou vivants car les nouvelles que je reçois ne sont pas épaisses. Je vous embrasse bien fort tous. Paul
Au début de la guerre de 14-18, Louis Champin ; futur mari d’Yvonne, la soeur de Paul ; est au 4e Bataillon de Chasseurs à pied (B.C.P). Le 26 avril 1915, ce Bataillon attaque les tranchées allemandes dans la région d’Ypres. Mais l’attaque est arrêtée car énormément de Chasseurs sont victimes d’un nuage de gaz asphyxiant envoyé par les Allemands [2]. Sur sa fiche matricule, on voit qu’il est malade et hospitalisé du 26 avril au 24 mai 1915....probablement a t’il été victime des gaz. Par contre, dans la liste des blessés de ce Bataillon suite à l’attaque du 26 avril (plusieurs pages) il ne figure pas ! |
- Extrait de sa fiche matricule
Paul Gauthier s’engage pour 4 ans à la mairie de Riom le 15 novembre 1915 au titre du 2e groupe d’aviation, alors basé sur l’aérodrome de Bron, aux portes de Lyon. Il y arrive le lendemain comme soldat de 2e classe. Sur sa fiche ci-dessous [3], il est noté son affectation : "mécanicien rotatif" .
Au verso, on découvre aussi cette annotation : « venu du G.B.M.5 le 8 août 1916.
Le 10 février 1916, le GBM 5 (Groupe Breguet-Michelin N°5) est officiellement constitué. Il est formé des escadrilles BM 117, BM 119 et BM 121, nouvellement formées à partir des 1re, 2e et 3e escadrilles du 1er groupe Breguet-Michelin, le 5 février. |
- Fiche du personnel de l’aéronautique
Autre annotation au verso : "12-8-16 parti à Ochey (Annexe RGA)". Annie Chambault conserve cette photo de Paul Gauthier. Sur le fuselage est peint un As de pique avec un 2 au centre :
- Paul au pied de son avion
L’ escadrille 119 a adopté comme insigne un As de pique, un rappel de la fatalité qui guette tous les aviateurs. Le chiffre, qui était associé à l’insigne, correspondait au numéro individuel de l’avion au sein de l’escadrille. Les personnels ont été rassemblés sur le terrain de Dijon, où l’escadrille est officiellement constituée, à compter du 1er août 1915. Elle perçoit dix Breguet-Michelin BM 2 et BM 4. La future BM 119 devient la 3e escadrille du 1er groupe Breguet-Michelin. Le 1er groupe BM est composé des trois escadrilles (future BM 117, sa 1re escadrille), (future BM 118, sa 2e), (future BM 119, sa 3e) à 10 avions chacune. L’ensemble des unités aériennes fait mouvement et s’installe sur le terrain d’Avord, le 3 septembre 1915. Les escadrilles se déplacent à nouveau pour gagner le terrain d’Oiry, entre Châlons et Epernay, le 11 septembre 1915. Le 1er décembre 1915, le 1er groupe Breguet-Michelin s’installe sur le terrain d’Ochey, à une vingtaine de kilomètres de Nancy. A partir de là, ces personnels navigants vont bombarder les gares et les voies ferrées par lesquelles les Allemands ravitaillent leurs forces qui se rassemblent sur la région de Verdun. Après le rappel des exemplaires restant en service pour révision et remise en état, le GB 5 est constitué à partir d’un ensemble de 75 cellules de Breguet-Michelin type IV jugées saines. En juillet 1916, le GBM 5 fait mouvement sur le front de la Somme en vue de d’appuyer l’attaque que les Français et les Britanniques effectuaient dans la région. Les escadrilles BM 117 et BM 119 vont être engagés dans la bataille, à partir du terrain de Palesnes. |
La 3e annotation sur sa fiche, "14-11-16 dirigé de l’annexe 3 (Pont Saint Vincent) sur Dijon comme élève pilote", nous confirme son changement d’affectation : de "mécanicien" il va devenir "pilote" !
Paul Gauthier obtient son brevet de pilote le 19 mars 1917 ; caporal le 11 avril 1917 ; sergent le 11 mai 1918.
- Carte photo datée du 24 juillet 1917
- Paul Gauthier est indiqué par la croix.
- Aviateur décoré en 1917
L’aviateur assis au 1er plan est décoré de la Médaille militaire et de la Croix de Guerre avec deux palmes, ce qui correspond à deux citations. Sur sa manche gauche, il porte 3 chevrons de présence au front : un chevron pour la 1re année et 6 mois pour les suivants, ce qui fait un total de 2 ans. |
- Carnet de comptabilité
- 2e trimestre 1917 (2 A 200/13 sur le site "Mémoire des Hommes")
Le 4 septembre 1917 sa mère reçoit une carte de Nancy : Toujours en bonne santé, hier soir je suis parti en bombardement et ce matin je suis allé à Nancy faire le marché et ce soir l’on retourne chez les boches Je vous envoie quelques photos que j’ai fait. je vous en enverrai d’autres. Je vous embrasse.
Une autre carte toujours de Nancy le 6 septembre 1917 : Je pars à l’instant pour Nancy faire le marché. Cette nuit j’ai manqué rester chez les boches, je suis rentré mon moteur ne marchait plus et j’ai pris quelques choses comme coups de canon. Il y en a un qui n’est pas rentré. Je pense y repartir. Je vous embrasse.
- Une photo à identifier
- Des soldats inconnus autour d’un avion.
Il s’est battu contre l’Allemagne du 15 novembre 1915 au 23 octobre 1919. Classé au service auxiliaire par la commission de réforme de Clermont-Ferrand le 10 octobre 1919 pour "limitation et tension 4 derniers doigts de la main droite" Paul est envoyé en congé illimité de démobilisation le 17 novembre 1919 à Thiers par le dépôt démobilisateur de l’aéronautique de Clermont.
Le 28 octobre 1944, il décède a 47 ans à l’hôpital Tenon. Il est inhumé au cimetière de Villers-sous-Grez avec ses parents. Son nom n’a pas été gravé sur la tombe, à côté sa sœur Yvonne et un peu plus loin son autre sœur Raymonde.