Le 13 prairial an V (1er juin 1797), le « citoyen Joseph Baudrier, cultivateur », « fils légitime de Jean Baptiste Baudrier, aussi cultivateur, et de Marguerite Melet » se présente en mairie des Roches de Condrieu (Isère) devant Nicolas Guillot pour épouser « Claudine Martoux » « fille légitime d’Etienne Martoux, cultivateur, et d’Anne Garat ». Douze ans plus tard...
- Les signatures au bas de l’acte
- Etienne Marthou, "beau-père du futur", et Pierre Ferriol, témoin ; sont les seuls à signer.
Entre 1797 et 1809 naitront trois enfants [1].
Le 21 avril 1809, c’est-à-dire presque douze ans plus tard, cet acte est noté dans les registres de la paroisse des Roches :
« Joseph Baudrier, fils à feu Jean Baptiste Baudrier et de Marguerite Meley, domiciliés aux Roches d’une part ; et Claudine Marthoux, fille à Etienne Marthoux et de feue Anne Garat, aussi domiciliés de la commune des Roches ; en conséquence du Bref et décision de Sa Sainteté Pie Sept Pape, à l’occasion des mariages fait en Révolution ou seulement enregistré par l’officier public [2], nous ont donné leur mutuel consentement et ont reçu la bénédiction nuptiale le vingt un avril mille huit cent neuf. » [3]
Joseph Baudrier et Claudine Marthoux, mariés civilement aux Roches « pendant la Révolution » se marient devant l’Eglise. Qu’est-ce qui a pu les décider à faire cette démarche si longtemps après ? Examen de conscience, pression du curé et/ou de leur entourage ? Nous ne le saurons jamais.
Ils se sont, en quelque sorte, mariés deux fois avec le même conjoint...à 12 ans d’intervalle [4] !
[1] Le 2 frimaire an VI (22 janvier 1798) à Saint Clair, le village voisin, « Joseph Baudrier, vigneron » vient déclarer que « Claudine Marthoud, son épouse en légitime mariage…est accouchée le trente brumaire dernier » (20 novembre 1797) d’une fille qu’ils ont prénommé Toinon.
Le 11 germinal an VIII (1er avril 1800), aux Roches, nait Marie Baudrier. Son père a 26 ans, sa mère 29. Joseph serait né vers 1774 et Claudine vers 1771. Marie meurt âgée de 3 semaines le 3 floréal an VIII (23 avril 1800). Le 21 pluviôse an X (10 février 1802) Anne Baudrier nait aux Roches.
[2] Ce Bref pontifical intitulé "Etsi Fraternitas" est une réponse du Pape Pie VII le 8 octobre 1803 à l’archevêque de Mayence. Il prône, entre autres, la "régularisation" des mariages qui n’ont été que célébrés civilement par la célébration d’un cérémonie religieuse.
[3] Registres N.B.S (1805 à 1814) de la paroisse Saint Nicolas des Roches.
[4] Joseph Baudrier meurt à 57 ans, aux Roches, le 14 juin 1827 ; Claudine Martoux lui survit jusqu’au 21 novembre 1846, date de son décès aux Roches à 78 ans.