Au comité de surveillance révolutionnaire de Vienne la Patriote [1] ; pendant la séance du 28 prairial An II (16 juin 1794) ; lecture est faite d’une lettre du comité de Tarascon, accompagné d’un mandat d’arrêt contre Joseph Allard, chaudronnier, contre-révolutionnaire de Tarascon. Cet ordre est remis au capitaine de gendarmerie Gonnet qui se transporte avec sa brigade aux Roches-de-Condrieu. L’individu signalé qui venait habituellement coucher dans ce village a probablement été averti, car il n’a pas reparu. Sa malle et autres effets à lui ont été saisis et remis au comité de surveillance des Roches ainsi que copie du mandat d’arrêt.
Pourtant, quatre ans plus tard, de nouveau domicilié aux Roches, ce même Joseph Allard, en tant qu’"honnête citoyen se conformant aux lois" obtient son "certificat de civisme" [2] !
« Du vingt huit ventôse an sixième de la République française (18 mars 1798), l’administration municipale du canton de Chonas s’est assemblée dans la maison commune à Chonas à neuf heures du matin »
« …sur l’attestation des citoyens Etienne Tonneyrieux Maréchal, Etienne Viallet, marchand en détail, et Claude Tonneyrieux, marchand ; tous trois patentés domiciliés dans la commune des Roches ;
certiffions que le citoyen Joseph Allard, natif de Tarascon, âgé de quarante ans, chauderonier de profession, patenté ; taille de cinq pieds quatre pouces et demi, cheveux et sourcils châtains, yeux bleus, nez long, bouche moyenne, menton rond, front large, visage rond et plein ; demeure au lieu des Roches et qu’il y réside et y a résidé sans interruption depuis le six nivôse an 6 (26 décembre 1797) jusqu’à ce jour, qu’il s’y est comporté en honnête citoyen en se conformant aux lois, n’ayant séjourné dans la dite commune que pour son commerce.
En témoins de quoi l’administration a délivré au citoyen Allard le présent certificat de résidence qui a été signé aussy par lui que par les trois certificateurs. Etienne Thonnerieux, Claude Thonnerieux, E.Viallet cadet, Joseph Allard »
J’ai retrouvé son acte de baptême, paroisse Sainte Marthe à Tarascon, du 26 décembre 1757. Il est le fils de Nicolas Allard et de Pierre ? Nove.
Il se marie le 28 décembre 1778 à Tarascon avec Françoise Pelissier. Baptisée le 24 octobre 1757 à Tarascon, elle est la fille de Jean Pelissier et de Françoise Mathieu. Ils ont donc une trentaine d’années lorsque la Révolution éclate.
Qu’est-ce qui peut expliquer la présence de Joseph Allard aux Roches ? Il est encore à Tarascon en février 1792, figurant sur une liste de 200 jurés départementaux [3].
Est-il possible d’en savoir plus sur cette dénonciation de 1794 qui l’a obligé à fuir de son village d’accueil ? En tous cas, il est revenu aux Roches de Condrieu et semble y vivre paisiblement au moins depuis fin 1797 avant de retourner "au pays".
Sollicitées, les archives municipales de Tarascon m’ont répondu que leurs fonds ne contiennent rien sur les circonstances de la dénonciation de Joseph Allard et de sa fuite. Comme me le conseillent les archives départementales, il faudrait rechercher dans les fonds du district de Tarascon, des comités de surveillance, des sections et des sociétés populaires. Ce qui impose de se rendre sur place.
Françoise Pelissier meurt à Tarascon le 6 juin 1806. Joseph décède à Tarascon le 17 août 1820 à 63 ans. D’après les registres de l’enregistrement, sa seule héritière est sa fille Anne, née le 4 pluviôse An II (23 janvier 1794), mariée le 11 octobre 1809 avec le "droguiste" Jean Joseph Drujon. Elle meurt à 31 ans le 21 avril 1825.
Ses descendants ont-ils conservés des documents inédits sur cet épisode ?