La Gordon-Bennett Cup est une compétition automobile historique, créée en 1900 par James Gordon-Bennett, propriétaire du New Herald Tribune, qui voulait avoir une édition française de son journal. Il s’était distingué auparavant en envoyant son journaliste, Stanley, rechercher Livingstone au centre de l’Afrique.
Cette course était disputée tous les ans dans le pays dont le représentant avait été vainqueur soit, sur les six fois qu’elle eut lieu, quatre en France, une en Allemagne et une en Irlande.
Chaque pays doit aligner trois voiture, après un éliminatoire national. C’est une course infernale, le mode de propulsion est libre.
La première épreuve se court sur le trajet Paris-Lyon, soit 569 kilomètres. Charron sur Panhard est vainqueur.
On organise donc en France la deuxième épreuve, le 29 mai 1901. Elle est incluse dans la course Paris-Bordeaux. C’est toujours une Panhard qui gagne, avec Girardot comme pilote.
La troisième épreuve, jumelée avec Paris-Vienne, se tient le 26 juin 1902. Premier, Napier, avec le pilote anglais Edge.
La quatrième épreuve est en Irlande sur le circuit de Carlow-Athy. Mercedes l’emporte avec un pilote belge, Camille Jenatzy.
La cinquième épreuve, le 20 mai 1904, en Allemagne, emprunte un circuit choisi personnellement par le Kaizer, dans les monts du Tonus, autour de Francfort. Théry le vainqueur, pilote une Richard Brasier.
Enfin, la sixième et dernière épreuve, se court en France le 5 juillet 1905 à Clermont-Ferrand. Elle suit le Circuit des volcans d’Auvergne, spécialement étudié parles frères Michelin. C’est toujours Théry sur Richard Brasier qui remporte le trophée.
Cette coupe Gordon-Bennet disparaît du calendrier. Elle est remplacée en 1906 par le Grand Prix de France qui se court sur le circuit de la Sarthe.
Le retentissement de cette course est mondial, dans les pays industrialisés. Les retombées commerciales pour les marques sont loin d’être négligeables. La Gordon-Bennet Cup est l’ancêtre des grands prix internationaux.
Evidemment, Antoine ne va pas manquer une telle rencontre historique. En route donc pour Clermont avec la Darracq, en emmenant Zéphyrin et le matériel photo. La route est longue, la nationale 89 est tortueuse à l’extrême, poussiéreuse, mais on y trouve de bonnes auberges. De cette expédition, il nous reste onze clichés.
La 38 n’est pas une voiture de course, tout simplement parce qu’elle a des ailes. C’est une voiture anglaise du service de la course. Elle arbore un drapeau et c’est certainement la voiture des représentants officiels anglais.
- Le passage de la Fiat n°4
Sur le Circuit des Volcans, Antoine est un moderne reporter. A l’ouest de la chaîne des Puys, le bolide qui fonce, le numéro 4, est une Fiat à chaînes, Grand prix. La moyenne de 100 kilomètres/heure est dépassée.
- Détail de la Fiat n°4
Il est difficile de reconnaître le chauffeur, mais c’est, soit Lancia, soit Cagno, le chauffeur personnel de la reine d’Italie.
Le départ et l’arrivée se font à Laschamps. Les voitures passent par le col de la Moreno, Laqueuille, Pontgibaud et les Quatre-Routes de Clermont.
- Révision d’une voiture pendant la course
Après avoir photographié les bolides en peine vitesse, Antoine a transporté sa boite noire au stand de ravitaillement et de contrôle mécanique de la maison Darracq.
La photo, vivante, nous montre un mécanicien qui titille du doigt le carburateur.
Un autre répare une chambre à air, au-dessus du réservoir d’essence.
Un troisième remplit le radiateur à l’aide d’un bidon de lait.
La Darracq n’a pas gagné à cause des roues. D’abord, les pneumatiques déjantent facilement à grande vitesse. Mais surtout, cette Darracq n’a pas les solides roues en bois aux rayons taillés à la plane, roues fabriquées par des charrons ayant une expérience séculaire des roues de charrette. La roue-fils que l’on peut détailler comprend de gros rayons métalliques. Or, ce n’est pas la grosseur des rayons qui importe, mais le nombre. De nos jours, on pose soixante-dix rayons, celle-ci n’en compte que quarante. Il ne semble pas que cette voiture soit équipée du célèbre moteur V8, ce serait plutôt un 5, 2 litres.