Le « lundy deux nivose an quatorze, deuxième de l’empire français » est déclaré le décès de Marguerite Astié. Le « cepts nivose » c’est la naissance de Philippe Bonnay. Le 1er janvier 1806 naît Marie Viallet, le 4 décède Gabriel Jamet.
Pourquoi diable s’intéresser à ces quatre Rochelois ? Parce qu’entre la mort de Marguerite et celle de Gabriel, il ne se passe que 11 jours. Entre les deux naissances, seulement 3 jours !
Ces évènements locaux du petit village des Roches de Condrieu ; « nid de mariniers » au bord du Rhône ; ne concernent pas seulement leurs familles respectives.
Au soir du dix nivose, le maire a écrit dans chacun des trois registres d’état civil :
« L’an quatorze, et le dix nivose, nous soussignés Etienne Ramay, Maire, Officier public de l’état civil, en exécution de l’article quattre du décret impérial du vingt quattre fructidor an treize, consernand le rétablissement du calendrier grégorien, avons arreté le présent registre à huit heures du soir ; et déclarons qu’il sera réouvert demain pour y inscrire les déclarations de naissance (ou de décès, ou de mariage) pendan le cours de l’an dix huit cent six.
Fait a la mairie le dix nivose an quatorze et trente un decembre dix huit cent cinq, à huit heures du soir, et an que desus. Ramay, maire »
- cloture des registres
Le décret impérial du 24 fructidor an XIV, c’est-à-dire du 11 septembre 1805, fixant « le mode d’exécution » pour rétablir partout dans le pays l’usage du calendrier grégorien, ordonne dans son article IV :
« Les registres de l’état civil seront arrêtés par les Municipalités au 10 nivose, 31 décembre prochain, au soir, et elles continueront de se servir de ces mêmes registres pour l’an 1806 entier, en mentionnant seulement le commencement de l’année au 1er janvier, et employant, à compter de ce jour le calendrier grégorien ».
Ce changement de calendrier a été adopté deux jours plus tôt par le Sénatus-Consulte du 22 fructidor an XIV, et ratifié le 24 à Saint Cloud par Napoléon.
« Tous les changemens, toutes les réformes que la politique a approuvés lorsque le génie les a conçus, que les mœurs ont sanctionnés lorsque les lois les ont consacrés, que les nations étrangères commenceront par envier et finiront par emprunter à la nation française, sont et seront toujours soigneusement maintenus par l’administration, fortement protégés par le Gouvernement… »
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